La célébration de la fête de Pessa’h résulte de diverses prescriptions bibliques. Le terme hébreu Pessah vient du verset 12 :13 de l’Exode et évoque le moment où Dieu passera au-dessus des maisons et reconnaîtra celles des hébreux qui auront mis du sang sur leur linteau et leur évitera la plaie des premiers-nés. A noter que l’expression anglaise Passover traduit bien l’idée alors que le mot Pâques, venu du grec, est peu explicite en lui-même. La première mention de ce qu’est Pessa’h par le récit (le mot hébreu pour récit est haggadah qui décrit le déroulement de la fête autour du « seder ») est au verset 13 : 8 où, après avoir rappelé l’obligation de manger des azymes (matsa, pluriel matsoth) l’Éternel dit tu donneras alors cette explication à ton fils « c’est dans cette vue que l’Éternel a agi en ma faveur quand je sortis de l’Égypte ».  Et toute la première partie du seder est effectivement une explication destinée aux enfants, une fois qu’ils auront chanté pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres nuits, leur rappelant la sortie d’Égypte et ses miracles, ainsi que d’autres aspects de la vie des Hébreux.

La fête de Pessa’h est fixée par la Torah à la pleine lune de printemps (d’où la décision conciliaire de fixer les Pâques chrétiennes au premier dimanche qui suit la pleine lune de printemps). Et comme il faut que ce soit réellement la pleine lune, lorsque l’année végétale est suffisamment avancée et alors que le calendrier hébraïque, lunaire, n’a que 354 jours, les prêtres observaient si la nature était assez avancée et, si elle ne l’était pas, décidaient de redoubler le mois d’Adar (aujourd’hui c’est par le comput qu’on sait s’il faut un 13e mois comme c’est le cas cette année 5782 (2021-22).

Autrefois la fête de Pessa’h voyait les enfants d’Israël se rendre en pèlerinage à Jérusalem comme à Shavouoth et à Soukoth. Un des noms de la fête de Pessa’h est hag hamatsoth, le mot hag signifiant à l’origine pèlerinage (comme l’araba hadj), les matsoth étant un symbole important de la fête.

Deux facteurs importants historiques marquent cette célébration : le peuple est passé de avdouth à Herouth, de l’asservissement à la liberté, comme on le rappelle au cours du seder. Cette idée de liberté a largement inspiré les esclaves noirs aux Etats-Unis comme le montre le fameux chant « When Moses was in Egypt land » dont le refrain est « Let my people go », traduction littérale de la demande que, après chaque plaie, Moïse demande à Pharaon, shela’h ami laisse partir mon peuple, qui est un véritable leitmotiv dans les chapitres 7 à 11 de l’Exode. Mais c’est aussi considéré comme la naissance du peuple d’Israël.

Pendant des siècles, la célébration de Pessa’h soulignait l’espoir d’une libération des Juifs de l’exil. Et d’ailleurs, à la fin du seder, on chante lashana habba biyerushalaïm, l’an prochain à Jérusalem. Et ce chant reste d’actualité, même dans l’Israël d’aujourd’hui, car on y vise alors la Jérusalem céleste. Il y a d’autres symboles attachés à cette idée. Par exemple le Shabbath intermédiaire des 7 jours de la fête, l’extrait prophétique qu’on lit est l’épisode de la « résurrection » des ossements desséchés (Ezéchiel 36 : 37 à 37 : 17) où on voit le retour à la vie du peuple juif.

Depuis l’émancipation des juifs, l’idée de libération des juifs exilés en diaspora a diminué évidemment. Mais la célébration de Pessa’h garde un poids important. C’est la première fête dans le calendrier biblique (puisque le chapitre 12 de l’Exode commence par les mots ce mois sera pour vous le premier des mois). Tous les événements décrits dans la Bible hébraïque sont décrits en numérotant les mois à partir du mois de Nissan (celui de Pessa’h), considéré effectivement comme le premier mois. D’ailleurs, dans la Bible hébraïque, les mois sont appelés premier mois, deuxième mois, etc., les noms de Nissan, Tishri, Adar étant des noms venus après la captivité de Babylone. Dans la Bible, le jour de Kippour est indiqué comme « le dixième jour du septième mois). L’idée de jour de l’an (rosh hashana en hébreu) pour ce septième mois n’apparaît pas comme tel dans la Bible et il représente l’anniversaire de la création du monde et de l’Homme.

Traditionnellement on considère que Pessa’h est le symbole de la libération physique du peuple, la libération spirituelle étant atteinte au bout des 7 semaines (semaines en hébreu : Shavouoth) avec le don des Dix Paroles au Sinaï. Et cette période majeure est l’objet d’un compte puisque, à la fin de chaque office du soir, on compte le nombre de jours écoulés depuis le premier jour de Pessa’h, ce qu’on appelle compte de l’omer car en même temps on secouait une gerbe de taille d’un omer.

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