La fête de Pessah débutera cette année le vendredi 15 avril au soir. Elle durera huit jours dans la Diaspora, et sept jours en Israël.

Pessah signifie « passer par-dessus » et fait référence à la dixième Plaie d’Egypte, lorsque D. envoya la mort sauter au-dessus des esclaves hébreux pour toucher seulement les premiers nés du peuple égyptien. Pour cela, leurs familles durent sacrifier un agneau et verser du sang sur leur porte. En mémoire de cet épisode où les enfants des foyers juifs furent épargnés, chaque famille doit sacrifier un agneau. C’est l’offrande pascale, telle qu’elle se pratiquait aux temps bibliques.

On peut aussi considérer que c’est la fête la plus « juive » du calendrier religieux, d’abord parce qu’elle mêle une histoire singulière à un message universel. Histoire singulière : comment Joseph, fils de Jacob fut vendu comme esclave par ses frères jaloux ; comment exilé il devint l’homme le plus puissant d’Egypte aux côtés du Pharaon ; comment les enfants d’Israël vinrent s’installer dans « le pays de Goshem », se multiplièrent mais durent ensuite subir le courroux d’un Pharaon « qui ne connaissait pas Joseph » ; et comment ils furent alors persécutés, contraints à de durs travaux puis menacés d’un vrai génocide ; comment, à travers Moïse, D. lui-même a affronté Pharaon, et à force de miracles, a fait sortir d’Egypte les  « Bn’é Israël », puis leur a fait traverser à pied sec la Mer Rouge, en route pour la Terre promise après quarante ans d’errance dans le désert.

Message universel, tellement aveuglant : comment les Empires, un temps accueillants peuvent devenir oppressifs ; comment une minorité peut être engloutie par un Etat esclavagiste, mais comment aussi la délivrance est toujours possible ; comment les persécuteurs ne triomphent jamais à la fin des temps ; et pourquoi il faut aussi entendre le « souviens-toi que tu as été étranger en Egypte », surtout en ces temps de méfiances et de replis sur soi. Comme le commande la Haggada, le récit de l’Exode : « A toutes les époques, nous devons nous considérer comme étant sortis nous-même de l’Egypte ».

C’est aussi une fête dont la pratique est profondément juive par de multiples facettes. Dans sa dimension symbolique, avec tout ce qui la précède : nettoyage en profondeur du foyer, purification de la vaisselle et recherche du « hametz » (miettes de pain) jusqu’à la veille de la fête ; « matzot » (pain azyme), consommées pendant les huit jours de la fête, ces fines galettes sans levain rappelant le départ précipité des Hébreux qui n’avaient pas eu le temps de « faire lever » leur pain ; mais aussi illustration de l’orgueil qu’il faut rabaisser en soi. Dans sa dimension familiale, surtout, avec les deux soirées du début réunissant toute le monde, des plus petits aux aînés. Le repas (Séder) est précédé par la lecture de la Haggada ; alors, avec un rituel bien défini, sont partagés et consommés les coupes de vin, le pain azyme qui symbolise la rédemption, et les herbes amères en souvenir des conditions de vie des esclaves en Égypte.

Mais les enfants participent aussi directement au cérémonial, avec le chant poignant du début : « En quoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres ? ». Et la Torah parle des quatre types d’enfants : un sage, un méchant, un simplet, et un trop jeune pour demander. Le père doit rappeler à chacun d’eux, selon son niveau et de la meilleure façon possible, la signification de Pessa’h. Et ainsi, à chaque rendez-vous autour du plateau du Séder, tout Juif quel que soit son degré de pratique religieuse se vit comme le chainon d’une longue chaine depuis Moïse et son peuple.

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