Le Rabbin Daniel Farhi nous a quitté ce 23 août. Né en novembre 1941, il a été recueilli par une famille de Besançon avec laquelle il a toujours gardé des liens étroits et qui a reçu le titre de « justes des nations » conféré par l’institut Yad Vashem à Jérusalem aux non-juifs ayant aidé des juifs à survivre à la barbarie nazie.

Ordonné rabbin à 25 ans, il a rejoint l’Union libérale israélite de France (ULIF, plus connue sous le nom de Copernic, la rue où elle est installée). Et en 1976 il a fondé, avec Roger Benarrosh et Colette Kessler et avec quelques familles de l’ULIF, le Mouvement juif libéral de France (MJLF) dont il est resté le premier rabbin jusqu’à sa retraite en 2009. Dans ses fonctions de rabbin il a pour beaucoup été un maître (le mot rabbi signifiant en hébreu « mon maître ») ; qu’il s’agisse d’adultes souvent très éloignés du judaïsme et qui s’en sont rapprochés grâce à son enseignement, sa chaleur humaine, son accueil, ou qu’il s’agisse de générations d’enfants du Talmud Torah (équivalent juif du catéchisme).. La ferveur avec laquelle il récitait les prières aux offices, et en particulier celles du jour de Kippour, n’était pas pour rien dans cet attachement. Et il a marqué nombre de couples qu’il a mariés, ce qui était toujours rappelé lorsqu’il célébrait la bar ou la bath mitsva des enfants de ces couples.

Il a beaucoup œuvré dans l’interreligieux et en particulier pour l’amitié judéo-chrétienne avec Colette Kessler

Aux côtés de son ami Serge Klarsfeld, président des FFDJF (Fils et filles des déportés juifs de France) il a participé aux combats des années 60 pour faire juger les Allemands qui avaient contribué à la persécution des juifs de France et menaient une vie paisible en Allemagne, allant jusqu’à manifester sous les fenêtres de ces individus.

Autre fait majeur bien connu aujourd’hui, il a, toujours avec Serge Klarsfeld, initié (et le mot est volontairement fort) la lecture publique des noms des déportés juifs de France à partir de 1991. Cette lecture qui était au départ très peu suivie a rassemblé de plus en plus de monde. Et des cérémonies similaires se sont progressivement développé dans d’autres villes de France, voire à l’étranger. Cette lecture a lieu le jour de « Yom Hashoah » institué par la Knesset, le Parlement israélien, à la date hébraïque du 27 Nissan, date choisie entre la fête de Pessah (la Pâque juive) au cours de laquelle a eu lieu en 1943 le soulèvement du ghetto de Varsovie et la déclaration d’indépendance d’Israël. Cette lecture précédée d’un office solennel reste toujours essentielle pour les anciens déportés et leurs descendants, mais aussi pour les autres juifs et pour de nombreux non-juifs et des personnalités politiques, religieuses et associatives qui s’associent à la cérémonie qui marque le début de la lecture. Celle-ci dure 24 heures consécutives et entendre l’égrenage des noms dans le silence de la nuit reste pour ceux qui y assistent presque depuis la création un moment émouvant, de même que le seul moment pendant ces 24 heures où la lecture s’arrête 3 minutes pendant la retransmission de la sirène qui résonne dans tout Israël.

Il a écrit beaucoup de livres, liés en particulier à sa vision du judaïsme libéral. L’un d’eux a été cité plusieurs fois au cours de son enterrement : « Au dernier survivant » qui rassemble les sermons qu’il a prononcés pour Yom Hashoah, le livre portant le titre d’un de ces sermons, particulièrement fort.

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