Frère Louis-Marie Coudray, responsable des relations avec le judaïsme au sein de la Conférence des Évêques de France pendant les trois dernières années, s’apprête à reprendre son existence monacale à Jérusalem. Directeur du Service national pour les relations avec le judaïsme (SNRJ), il avait pour mission de faire vivre les relations entre l’Église catholique et les juifs. Le texte qui suit est repris de Stéphanie Gassa, du CRIF.

Itinéraire de Paris à Jérusalem

« Ce long voyage entrepris en son temps par François René de Chateaubriand est aussi celui de Frère Louis-Marie Coudray, responsable pendant les trois dernières années des relations avec le judaïsme au sein de la Conférence des Évêques de France. Moine bénédictin de l’Abbaye d’Abu Gosh située en périphérie de Jérusalem, Louis-Marie a été appelé pour rejoindre Paris et endosser la lourde charge d’être l’interlocuteur catholique désigné pour les relations avec les Juifs. 

Sa mission arrive à terme et Louis-Marie Coudray s’apprête à reprendre son existence monacale à Jérusalem. Avant cela, ses amis ont été conviés pour une dernière soirée à Paris et ils sont venus nombreux ce jeudi 10 octobre à la Conférence des Évêques de France pour lui témoigner leur confiance et leur amitié.

« Paris- Jérusalem, un axe du dialogue entre Juifs et Chrétiens » était le thème choisi pour ce moment d’adieu. Un axe cher à Louis-Marie qui a décliné les nombreuses voies qui relient les deux capitales. Car en France, le dialogue entre Juifs et Chrétiens connaît un rayonnement inédit.

C’est en France que furent publiées en 1973 les orientations pour l’application des recommandations de Nostra Aetate (alinéa 4) et qui soulignaient l’attachement du peuple juif à sa terre ; position nouvelle au sein de l’Église, qui créa de nombreuses polémiques.  À Drancy en 1997 eut lieu la remise de l’acte de repentance des Evêques de France au Crif, autre pas vers la réconciliation entre les deux traditions monothéistes. C’est aussi sous l’influence de Cardinaux français que se dénoua la mauvaise pièce du Carmel d’Auschwitz. Et bien avant tout cela, c’est un français, Jules Isaac qui eut le courage et la volonté de changer le plomb en or, le mépris en estime.

Louis-Marie l’assure : l’antijudaïsme traditionnel a quasiment disparu de l’Église et s’il existe encore, il n’est que résiduel. Par contre, il pointe la persistance d’un antisionisme inquiétant, or pour Louis Marie Coudray  « on ne peut pas  faire l’économie de la renaissance d’Israël » et si Israël état souverain peut commettre des injustices, plus grande encore est celle d’en faire « une lecture unilatérale ».

Les quatre domaines nationaux français à Jérusalem (l’Eleona, Saint Anne, les tombeau des Rois et Abu Gosh) sont des points d’ancrage importants pour les catholiques. La présence dans la région de Jérusalem des Sœur de Sion, de l’Institut Ratisbonne, de l’Institut Saint Isaïe et de l’École biblique de Jérusalem sont un signe de l’attachement de l’épiscopat français à la cité éternelle, ou selon Louis Marie « est né le christianisme ». Paradoxe attristant : la rencontre entre Juifs et Chrétiens y est insignifiante, et c’est là que se situe la différence fondamentale avec le cas français. En Israël le dialogue interreligieux est quasi anonyme mais on ne peut cependant omettre de mentionner des initiatives stimulantes comme celles entreprises par les moines d’Abu Gosh de recevoir dans les jardins de l’Abbaye de nombreux israéliens dont des soldats.

Parmi les amis juifs de Louis-Marie Coudray, Franklin Rausky et le Grand Rabbin de France Haïm Korsia ont pris la parole pour saluer « le souffle fécond » et « l’élan » qu’il a impulsé au cours de ces trois dernières années et ont rendu hommage à « sa sensibilité, son imagination et son courage de la vérité ».

De notre côté, nous nous plaisons à imaginer que le départ de Louis Marie n’en est pas vraiment un, qu’il est plutôt un retour à la maison, cette maison au toit céleste d’où viendra la paix : Jérusalem. »

Stéphanie Dassa, est directrice de projets au Crif. Elle a notamment pour champs de compétence le dialogue judéo-chrétien. Elle est élue au Comité directeur de l’Amitié judéo-chrétienne de France.

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