Conférence internationale à Paris, le 24 mai 2016, à l’Hôtel de Ville.

Cette conférence s’est tenue à l’initiative de la Communauté SANT’ EGIDIO de l’université sunnite AL AZHAR du Caire, et du Conseil des Sages musulmans. Elle a été accueillie officiellement par la maire de Paris, madame Anne Hidalgo.

Les salutations inaugurales ont été faites par Madame Anne Hidalgo, Mr Ali Nuaimi, Secrétaire Général de Conseil des Sages Musulmans, Mr Alexandre Adler, Penseur et géopolitologue, et François Clavairoly, Président de la Fédération Protestante de France.

Les interventions d’ouverture ont été faites par Ahmad Muhammad al-Tayyeb, Grand Imam de al-Azhar al-Sharif, Président du Conseil des Sages musulmans, et par Andrea Riccardi, Fondateur de la Communauté Sant’ Egidio et ancien Ministre de la République italienne.

Intervention de Ahmad Muhammad al-Tayyeb

Le grand imam a commencé son exposé en rappelant que la conférence de Paris fait suite à celle de Florence en juin 2015. A l’occasion de sa première visite officielle en France, il a tenu à rendre hommage aux valeurs que la Révolution française a transmis à l’Europe : créativité, arts, sciences, et Droits de l’Homme.

Puis il a affirmé avec gravité que si l’on ne fait rien pour transmettre ces valeurs et dialoguer avec l’Orient, le prix à payer sera très lourd. A titre d’exemple, il a cité le drame des 140 morts à Paris de novembre 2015 et des attentats de Bruxelles en mars dernier. Il a dénoncé avec force les auteurs de ces crimes qui s’opposent aux lois humaines et divines. Il a demandé aux responsables du monde entier d’assumer leur entière responsabilité devant les hommes et devant Dieu, et de tout faire pour mettre fin aux menaces de ces auteurs. En particulier il a demandé au monde de ne pas changer l’identité de la Mosquée El-Aqsa à Jérusalem et de résoudre le conflit Israël-Palestine.

Dans le monde actuel, les distances ont diminué. Dans le domaine des idées, il importe de penser l’universalisme plutôt que la mondialisation. Trop souvent celle-ci conduit à la destruction des identités des peuples et des caractéristiques que Dieu leur a octroyées. L’alternative à cette dernière est la recherche des valeurs communes que l’on peut partager. Parmi les inquiétudes partagées, il faut citer les groupes extrémistes et les terroristes.

Le problème de fond est la non-intégration des jeunes. Il faut souligner à ce sujet le rôle négatif des médias, surtout quand ils caricaturent l’islam et son prophète. C’est pourquoi il a proposé comme thème, pour la 3è et prochaine rencontre de la conférence internationale, l’intégration positive. Ce serait un appel à former des citoyens à part entière. Un bon exemple dans le passé : le pacte de Médine.

Quant aux lois des pays européens et à la charia, il importe, en cas de conflit, que les musulmans recourent aux voies juridiques pour faire valoir leur droit dans un esprit démocratique.

Il a demandé ensuite aux prédicateurs musulmans de renouveler leur discours et d’enseigner notamment que les décrets -fatwas- changent avec le temps.

En conclusion, il a tenu à dire : « Merci à Sant’ Egidio ! »

Intervention de Andrea Riccardi

Andrea Riccardi, ancien ministre du gouvernement Monti et prix Charlemagne 2009, a pris la parole ensuite.

Il nous a invités à faire le point sur l’état de notre dialogue entre les univers culturels et non entre le christianisme et l’islam, en abandonnant l’arrogance ou le soupçon. Il a souligné l’importance pour l’Occident du rôle du judaïsme et de la pensée laïque.

Il n’a pas ignoré les crispations récentes dues aux attentats. Plongés que nous sommes dans le processus de la mondialisation, il nous a invités à être vigilants et à être des mystiques qui ont les yeux ouverts, qui veillent chaque jour, chaque heure. Passer les limites a toujours été le moteur de l’Occident, à l’image d’Ulysse devant les colonnes d’Hercule censées marquer les frontières du monde.

Il nous faut nous interroger de façon critique sur la mondialisation. Le monde doit transiter par ces cultures anciennes et non les ignorer, pour éviter la déculturation. Le sociologue Marshall Mac Luan a insisté sur la crise provoquée par l’invasion des médias qui conduit à une déculturation généralisée.

Le vide culturel de nos sociétés sans âme s’est traduit par un silence dramatique devant la guerre de Syrie. Il a conduit certains jeunes à la radicalisation. Il faut donc nous libérer de la logique du marché. C’est un défi pour l’Occident, mais aussi pour l’Orient.

Pour finir, il a accepté avec enthousiasme la proposition du Grand Imam de consacrer la prochaine conférence au thème de l’intégration positive.

Pour conclure il a donné cette citation du peintre Marc Chagall : « Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir.

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