Bonjour à tous,

Au lendemain de la Fête de l’Aïd et à l’approche des fêtes de Tichri, cette rentrée de septembre est dominée par les incertitudes et les inquiétudes.

Les incertitudes s’enchainent, s’additionnent et engendrent des inquiétudes :

  • Incertitudes dues au Brexit : personne ne peut prédire ni le contenu, ni l’échéance, ni l’issue des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. En revanche, des deux côtés de la Manche on a toutes les raisons de s’inquiéter de la profonde division qui s’installe au Royaume Uni et de la xénophobie qui s’y développe.
  • Incertitudes liées aux futures élections en Europe : l’Espagne est toujours sans gouvernement ; le sort de celui de Mattéo Renzi en Italie est suspendu au résultat d’un référendum sur la Constitution avant la fin 2016 ; aux élections présidentielles en France de 2017, la droite et la gauche s’y préparent dans la plus extrême division ; aux élections fédérales en Allemagne de 2017 la Chancelière est affaiblie cependant qu’on assiste à une poussée de l’extrême droite et du néo-nazisme, hostiles à l’immigration de masse dans un pays où, de surcroit, la forte minorité turque est scindée entre pro et anti Erdogan. Toutes ces incertitudes renforcent les droites extrêmes des pays concernés comme aussi ceux du Bénélux, du Portugal et de la Grèce, d’Europe centrale et orientale et de Scandinavie, source d’inquiétudes croissantes devant la xénophobie et l’isolationnisme que prêchent ces partis.
  • Incertitude – levée en novembre (?) – s’agissant du prochain Président des États-Unis, mais qui renaîtra si le gagnant est Trump, avec des inquiétudes au niveau mondial sur ce que pourrait être sa politique internationale.

A toutes ces inquiétudes ajoutons celles que le petit tyran de Corée du Nord propage avec sa volonté de se doter de l’arme nucléaire et celles des conflits qui ne se résorbent pas à nos frontières orientale et méditerranéenne, où la Russie étend son influence, où l’Iran chiite et l’Arabie sunnite s’affrontent sur le terrain religieux et d’où Daech, dont le territoire se restreint, s’efforce d’exporter son terrorisme en Europe, comme il l’a déjà fait en Afrique.

Face à ces incertitudes et inquiétudes, quelle attitude, quels comportements adopter en notre qualité d’enfants d’Abraham ?

D’abord, de toute évidence, ne pas nous laisser submerger par ce déluge d’informations en continu que déversent sur nous les médias et le numérique. Actualiser les enseignements de nos trois familles spirituelles – mais aussi des autres traditions spirituelles de l’humanité – en matière de partage et de solidarité avec tous les plus faibles, les plus fragiles, les plus démunis et mettre en pratique des actions concrètes de soutien à tous les niveaux, en diffusant largement les réalisations.

A cet égard, les prises de position des responsables spirituels de nos trois familles monothéistes sur les problèmes qui secouent notre société sont essentielles : solidarité à l’égard des réfugiés, compassion pour les victimes et condamnation de la propagande insidieuse des fondamentalistes qui suscitent des actes terroristes. La prise de position du Grand Rabbin de France, manifestant sa solidarité à l’égard de la communauté chinoise trop souvent victime d’agressions et tout récemment d’un meurtre, est exemplaire. Quand ces prises de position sont communes, c’est encore plus significatif.

Simultanément à l’occasion des prochaines élections, nous devons exiger de nos gouvernements qu’ils s’attaquent aux problèmes de la relance à l’échelle européenne de l’économie et de l’emploi par une harmonisation de la fiscalité européenne, une mise en œuvre de programmes de développement d’infrastructures de transport, d’énergie et de lutte contre le réchauffement climatique, et en développant les programmes trans-européens d’enseignement. Qu’ils décident aussi d’engager l’Union européenne dans une politique commune d’assistance aux pays du Proche-Orient ravagés par les guerres, en contribuant à ramener la paix dans la région et en mettant en place un programme ambitieux d’aide à la reconstruction et au développement.

Les politiques à mettre en œuvre sont connues : voir Jean Tirole, Économie du Bien Commun, Gaël Giraud, Illusion financière – des sub-primes à la transition écologique. Agissons pour que nos gouvernements, issus des prochains scrutins, les appliquent et osent proposer une vision d’avenir et des politiques ambitieuses capables de redonner espoir et confiance à nos concitoyens et notamment aux jeunes, animés par un esprit de justice et de solidarité et prêts à s’investir dans des actions généreuses et fraternelles.

Ainsi se réaliseront les prophéties d’Isaïe :

« De leurs épées ils forgeront des socs et de leurs lances des faux… et l’on ne s’exercera plus à la guerre…  Et mon peuple habitera une oasis de paix »( II, 4 et XVIII, 32).

Edmond Lisle
Président, Fraternité d’Abraham

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