En tenue d'EveLes discours religieux fondamentalistes actuels expriment une obsession croissante de la pudeur des femmes. Réduite aux parties de son corps susceptibles d’éveiller le désir, la femme est« génitalisée » à outrance. Faut-il alors couvrir sa nudité ? Faut-il la renvoyer à son destin, le voilement ?

Delphine Horvilleur analyse successivement les sens de la pudeur et de la nudité, l’obsession du corps de la femme et sa représentation comme« être orificiel » pour proposer une autre interprétation de la tradition religieuse. Elle met à mal les lectures qui font de la femme un être tentateur, et de la pudeur l’instrument de sa domination. Ainsi nous montre-t-elle comment la nudité recouverte d’Adam, d’Ève ou de Noé renvoie à une culture du désir et non à une volonté de le tuer. Comment le voile est à l’origine destiné, non à rejeter, mais à approcher l’autre. Comment le féminin concerne aussi les hommes qui endossent, dans la prière et la pratique judaïques, les attributs des femmes et du maternel. On découvre alors, dans cette plongée au cœur des grandes traditions monothéistes, un autre visage de la femme, de la pudeur, et de la religion.

Delphine Horvilleur est rabbin. Elle exerce au Mouvement juif libéral de France (M]LF), et elle est directrice de la rédaction de la revue Tenou’a, Atelier de pensée(s) juive(s).

.

 

Facebooktwitterlinkedinmail